
Par Stephen Karganovic, le 19 décembre 2025
Accepter de traiter la plainte russe pour des faits perpétrés en Ukraine a une double portée.
Une bonne nouvelle pour la Russie, et, plus prudemment, pour le droit international !
La Cour pénale internationale [CPI], une institution à la crédibilité juridique limitée, fondée sous les auspices de l'Occident collectif et toujours sous son contrôle, a accepté d' examiner la requête de la Russie accusant le régime néonazi ukrainien d'avoir commis un génocide contre les citoyens ukrainiens, actuels et anciens, perçus par le régime et/ou s'identifiant comme Russes.
Cette évolution extraordinaire survient après que la CPI a inculpé, en mars 2023, le président russe et un haut responsable gouvernemental chargé de la protection de l'enfance pour avoir "enlevé" des enfants ukrainiens de la zone de guerre et les avoir "transportés de force" sur le territoire russe. L'accusation portée contre les responsables russes, que la CIJ a précédemment retenue, était manifestement sans fondement et motivée par les besoins propagandistes du régime de Kiev plutôt que par des arguments juridiques ou des faits. En revanche, la requête déposée par la Russie contre l'Ukraine, que la CIJ a jugée "recevable en tant que telle" le 5 décembre 2025 et qu'elle a accepté d'examiner, est d'une gravité extrême.
Les accusations ukrainiennes dans l'affaire des enfants prétendument enlevés se sont caractérisées dès le début par des allégations extravagantes et incohérentes trahissant leur caractère propagandiste. Le régime de Kiev a même affirmé à un moment donné que plus d'un million d'enfants auraient été enlevés. À mesure que la pression s'intensifiait, ce chiffre est tombé à 20 000, puis à quelques centaines seulement. Contraintes de réagir, les autorités ukrainiennes ont réussi à rassembler environ 350 noms, dont la plupart se sont avérés être ceux d'adultes vivant non pas en Russie, mais dans divers pays européens.
Ces manipulations flagrantes des "preuves" n'ont toutefois pas empêché la Cour pénale internationale de prononcer des inculpations contre des responsables russes, donnant ainsi, aux yeux des profanes, un semblant de crédibilité à ces allégations prima facie sans fondement. La Cour n'a pas non plus pris le temps de réfléchir qu'en vertu du droit international, le transport vers un lieu sûr de civils piégés dans une zone de conflit armé n'est pas un crime de guerre, mais un devoir strict et non négociable. C'est un principe bien établi que le procureur général Karim Khan et les juges sont censés connaître.
Contrairement aux allégations obscures du régime de Kiev, la requête déposée par la Russie en début de mois est pleinement conforme aux principes juridiques internationaux qui exigent impérativement, dans les théâtres d'opérations militaires, "de prendre toutes les précautions possibles pour protéger la population civile et les biens civils contre les conséquences des combats". Elle détaille minutieusement les tirs d'artillerie et les attaques de drones dévastateurs et délibérément aveugles contre les civils dans la région du Donbass de 2014 à nos jours, et les ravages ainsi causés.
Le 5 décembre 2025, le ministère russe des Affaires étrangères a publié une déclaration résumant l'essentiel de la position russe :
"Le 18 novembre 2024, la partie russe a soumis à la Cour [CIJ] un ensemble substantiel de preuves, dépassant les 10 000 pages, prouvant que le régime criminel de Kiev a commis un génocide contre la population russe et russophone du Donbass. Les éléments de preuve incluent la documentation de plus de 140 incidents visant délibérément des civils dans le Donbass, corroborés par les témoignages de plus de 300 témoins et victimes, ainsi que par des analyses et des enquêtes d'experts."Le gouvernement ukrainien soutenu par l'Occident, animé d'une intention génocidaire, a commis un large panel de crimes de guerre et autres violations du droit international contre des civils : meurtres de masse, torture, bombardements aveugles et tirs d'artillerie. Une politique d'effacement de l'identité ethnique russe a été mise en œuvre dans toute l'Ukraine : interdiction de la langue et de la culture russes, persécution de l'Église orthodoxe russophone, tout en glorifiant les collaborateurs du Troisième Reich et en oblitérant la mémoire de la victoire sur le nazisme".
La requête russe prouve les violations par l'Ukraine des dispositions de l' article II de la Convention sur le génocide. Les preuves doivent bien sûr être examinées et vérifiées, mais il ne fait guère de doute que le régime de Kiev doit répondre de ces accusations prima facie.
Seul le temps nous dira si ces preuves et ces arguments juridiques russes seront examinés de manière équitable par une instance aussi corrompue et vulnérable aux pressions politiques et au chantage qu'est la Cour pénale internationale. Mais un premier pas important dans la bonne direction a été franchi. Quelle que soit l'issue de la procédure, un début d'équité a été établi en permettant à la Russie de présenter également ses arguments, chose inconcevable il y a encore peu de temps.
La décision inattendue de la CIJ d'entendre les deux parties dans ses salles d'audience est sans doute, jusqu'à un certain point, une manière de donner une image vertueuse en recourant à un mécanisme procédural qui, en fin de compte, n'oblige pas la Cour à quoi que ce soit en particulier. Mais rien de tout cela n'aurait été possible sans les négociations actuellement en cours entre les grandes puissances sur le règlement du conflit en Ukraine. En recevant la requête de la Russie sur le plan procédural et théorique, la Cour fait passer un double message. Son message au monde est que l'Occident collectif renonce à la posture arrogante d'une Ukraine irréprochable, maintes fois proclamée ces trois dernières années. Celui adressé à la clique illégitime au pouvoir en Ukraine est de cesser de faire obstruction, de faire bon usage de ses deniers et de tenir compte des attentes de ses bailleurs de fonds.
Traduit par Spirit of Free Speech